AH ! Le voilà celui-là ! Assassin's Creed Brotherhood, la tête de gondole du rayon Ubisoft fait partie des grosses attentes de cette fin d'année. Ezio est-il toujours à la hauteur ? Est-ce que les studios d'Ubisoft Montreal, en moins d'un an, ont réussi à pondre une vraie suite à Assassin's Creed ou se sont-ils contentés d'une grosse update pour prélever à votre maigre pécule sa ponction annuelle ? Est-il vraiment le Assassin's Creed 2.0 que tout le monde prévoit ? La réponse ici.
Il faut dire que c'est un petit peu cavalier que de sortir une suite à peine un an après l'épisode précédent, non ? Que peut-on vraiment réaliser en une dizaine de mois en terme de développement sur un jeu ? Un nouveau moteur ? Certainement pas. Un rendu graphique plus évolué comme de coutume ? Encore moins. Alors il faut chercher du côté du gameplay. Et quelle option vraiment intéressante pouvait-on y ajouter, sinon la possibilité d'enfin s'assassiner mutuellement en ligne ? C'est donc chose faite avec cet Assassin's Creed Brotherhood, qui propose aux joueurs non seulement une continuité directe avec le précédent épisode pour ce qui est du solo, mais surtout un mode multijioueur absolument unique online. Vous pensiez avoir fait le tour d'Assassin's Creed ? Détrompez-vous.
Hey, je suis un peu en retard, j'ai rien loupé ?
Le solo du jeu se déroule dans la continuité directe des précédents épisodes. Si c'était déjà le cas avec le 2 dans le présent, ça l'est aussi dans le passé. Ce n'est pas très clair peut-être ? Ok, mise au point rapide, que dis-je, éclair, avec un previously on "Assassin's Creed". Vous êtes Desmond, un barman qui s'est fait kidnapper par des salopards de scientifiques dans le premier épisode. Celui-ci s'installe dans une machine nommée "Animus" et on l'oblige à revivre les événements vécus par ses ancêtres assassins à l'époque des croisades pour s'emparer des secrets enfermés dans votre patrimoine génétique. Le premier opus faisait vivre les aventures d'Altaïr. Dans Assassin's Creed 2, vous viviez dans la peau d'Ezio Auditore, un étalon italien à l'époque de la renaissance devenu Assassin après avoir vécu un drame familial. Dans le présent, Desmond a réussi à s'échapper de ses ravisseurs et continue à vivre les aventures de ses ancêtres, pour empêcher maintenant ses tortionnaires de s'emparer de secrets pouvant bouleverser l'ordre mondial. Dans Brotherhood, vous êtes ainsi propulsé une fois encore sous les traits d'Ezio qui voit l'emprise des Borgia, ses puissants ennemis soutenus par le Vatican, prendre encore de l'ampleur. Si Ezio et son ancêtre Altaïr ont toujours combattu seuls, embauchant parfois quelques mercenaires ça et là au détour d'un combat, cela ne suffira plus cette fois-ci. L'influence des Borgia est trop forte et l'ennemi trop nombreux pour pouvoir vaincre seul. Ezio devra donc se constituer sa propre guilde d'assassins, choisir ses recrues parmi les opprimés et les révoltés de Rome. A ceux qui ne veulent plus subir l'oppression et l'hypocrisie des Borgia, Ezio tend donc la main (si ils veulent bien la recevoir) et mène sa propre révolution, aussi bien sur le champ de bataille que sur l'économie du pays. La révolution ne se déroule pas que dans le sang, mais bel et bien dans la démagogie et l'économie...
Ne pas toucher. Si vous cassez, vous payez.
Force est de constater qu'entre Assassin's Creed 2 et Assassin's Creed : Brotherhood, le soft n'a pas énormément évolué en apparence mais a, disons, mûri en profondeur. Les changements apportés à la maniabilité sont relativement légers mais la rendent encore un petit peu moins dirigiste et offrent encore un peu plus de liberté de mouvements dans les habituelles phases de plate-forme proposées. Graphiquement, on parlera aussi bien sûr plutôt de polissage, mais un effort appréciable a été fait notamment dans le niveau de détail des personnages et des décors. Les protagonistes ont des visages plus expressifs et détaillés, quant aux paysages, on appréciera le travail effectué pour les rendre plus diversifiés et détaillés. Mais fort heureusement, ce n'est pas la seule chose qui permette à Assassin's Creed Brotherhood de se démarquer de ses aînés. Ubisoft a parfaitement saisi ce qui a plu aux joueurs et ce qui leur a déplu sur les précédents épisodes. Contrairement au premier épisode, les missions ne sont plus du tout redondantes et à l'instar du second, on apprécie différents genres de gameplays dans un seul jeu qui cohabitent parfaitement. Bien sûr, vous retrouverez les inimitables phases de plate-forme, où entre grimpettes et mécanismes à décrypter, vous tenterez dans cet opus de déposséder les fils de Romulus de leurs trésors. Probablement les ancêtres de nos bons vieux raëliens, ils sont prêts à sacrifier n'importe quel assassin sur l'autel de leur divinité canine. Grimés d'une peau de loup sur la tronche, il leur manque aussi probablement une case mais comme ils sont pour ainsi dire pétés de thunes, s'arrêter dans leurs dédales pour les déposséder de leurs biens est une pause de bon augure dans le scénario. On retrouve bien sûr tout ce qui a fait le succès de la série : missions d'assassinat, filatures, scénario sérieusement réfléchi, liberté de mouvements exceptionnelle, etc. Le gameplay se diversifie aussi parfois complétement, par exemple avec les missions de Leonardo Da Vinci, oui encore lui, qui vous demandera de détruire les inventions qu'il a été obligé de mettre au point pour le compte des Borgia. Des diversités parfaitement exotiques dans l'aventure qui permettent de "respirer" au milieu des missions plus classiques et offrent un certain rafraîchissement. Tous ces détails permettent à Assassin's Creed Brotherhood de renouveler, même sommairement, son gameplay et d'offrir une fois encore un côté action/plate-forme encore plus abouti au final. Et le pire, c'est que si vous êtes déjà satisfait des changements, vous n'êtes pas au bout de vos surprises...
D'Assassin's Creed à Assa-Sims Creed
Comme évoqué précédemment, vous vous transformez aussi en véritable petit chef de guerre, portant fièrement l'étendard de la guilde des Assassins et recrutant à tour de bras vos hommes de mains parmi les laissés pour compte. La première partie de votre travail consiste en un recrutement des plus simples. Vous repérez quelqu'un tenant tête à des gardes dans la rue, vous lui portez secours en faisant très attention de ne pas le faire tuer, et vous lui proposez de se battre à vos côtés contre l'oppression. Bon, je vais peut-être un peu gâcher le suspense, mais je lâche le morceau : ils diront tous oui. Plus vous sauvez de victimes de la terreur des Borgia, plus vos rangs s'agrandissent, bien évidemment. Ensuite, à vous de gérer vos assassins, avec simplicité et efficacité. Ceux-ci évoluent selon un système traditionnel de points d'expérience, qu'ils accumulent au fur et à mesure de leurs combats. Deux solutions s'offrent à vous pour les faire progresser. Tout d'abord, le plus simple, c'est de faire appel à eux pour vous défaire d'une situation difficile. Mettons que quelqu'un soit pris en otage devant vos yeux, peut-être serait-il intelligent d'envoyer un de vos hommes se glisser dans son dos pour le planter en toute discrétion. Mais vous pouvez bien évidemment faire appel à vos hommes pour simplement vous débarrasser de gardes coriaces ou en trop grand nombre. A mesure qu'ils combattent à vos côtés, vos recrues gagnent donc en expérience, passent ainsi des niveaux, et on vous proposera de les personnaliser, de leur simple aspect extérieur à l'arme qu'ils utilisent par exemple. L'autre moyen pour les faire progresser, ce sont les missions à travers toute l'Europe. Celles-ci, à effectuer depuis le pigeonnier le plus proche, vous proposent d'envoyer vos hommes remplir des contrats rapportant de l'argent et de l'expérience. Par exemple, une mission à Paris est proposée où il faudra éliminer un président petit et méchant (intitulé purement fictif cela va de soi). Celle-ci affiche un certain nombre de points d'expérience et d'argent si elle se solde par une réussite. Vous pouvez envoyer un seul homme ou plusieurs et en fonction de l'expérience et du nombre de ceux-ci, vous verrez votre pourcentage de réussite augmenter ou réduire. Plus faible est le pourcentage, plus grande est l'expérience, assez logiquement. Ces missions, qui s'effectuent sur un temps donné, affectent bien sûr votre propre aventure à Rome puisque lorsque vos sympathisants sont sur un contrat, ils ne peuvent pas venir vous aider. Et si vous êtes trop présomptueux et qu'ils se font zigouiller, vous devrez bien évidemment aller en recruter d'autre, et bye bye l'expérience.
L'autre côté qui a été plutôt bien exploité dans cet opus, c'est la notion, même un peu brève, de politique. Ezio Auditore désire plus que tout défaire Rome de l'emprise des Borgia, et pour ce faire, il dispose de plusieurs atouts dans sa manche. Le premier, c'est sa force. Vous devez impérativement éliminer les hauts gradés de la garde des Borgia dans tous les quartiers de Rome afin que ceux-ci ne soient plus sous leur influence. Aussitôt le salopard éliminé, vous pourrez constater que même sa garde rapprochée se désintéresse totalement de votre combat. Mais ce n'est pas tout, puisqu'il vous faudra aussi foutre le feu à la tour Borgia qui toise la dizaine de pâtés de maison qui l'entourent. Ceci fait, le quartier devient "autorisé", et tout de suite il y fait bon vivre. En réalité, cela permet aussi de faire des petits investissements en toute tranquillité, car Ezio est aussi un businessman hors pair. En fait, il rénove. Mais alors, quand je vous dis rénover, je ne parle pas façon Valérie Damidot mais plutôt genre à l'extrême. Il rénove tout, échoppes de médecins, magasins de fringues, ateliers de forgerons, écuries et même, osons le dire, les bars à péripatéticiennes. Oui, Ezio est aussi mac à ses heures perdues et se permet même de placer sa soeur à la tête d'un bordel. Le fait est que toutes ces rénovations permettent à la ville de mieux se porter mais aussi et surtout d'augmenter votre pécule. Vous aurez aussi la possibilité, dans l'immensité qu'est Rome, d'utiliser des tunnels (qu'il vous faudra aussi rénover) pour vous rendre d'une partie à l'autre de la ville rapidement et sans vous faire repérer. Oui, un petit peu comme les tortues ninja dans les égouts de New York. Tous ces ajouts permettent à Assassin's Creed : Brotherhood de véritablement renouveler le mode solo par rapport à son prédécesseur. Si les changements ne sont peut-être pas dignes d'en faire un Assassin's Creed 3, et d'ailleurs il n'en porte pas le nom comme vous l'avez certainement déjà constaté, ils permettent toutefois à l'histoire de s'étoffer, et au gameplay de s'affiner et de se perfectionner pour offrir un résultat vraiment au delà de nos espérances. Et le pire, c'est que ce n'est pas dans le solo que Brotherhood surprend, mais bel et bien dans son mode multijoueur.
J'irai dormir chez la dame de Haute-Savoie
Pour gérer le multijoueur d'Assassin's Creed : Brotherhood, Ubisoft a confié le développement à sa société d'Annecy. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les savoyards savent y faire ! Malgré les réticences que nous avions à l'idée de transposer un gameplay pourtant très axé solo/infiltration, force est de constater que c'est ici que réside la véritable force de cet opus. En effet, on ne s'est pas contenté ici de simplement fourrer des tas de gens sur une map, collez-vous sur la tronche et advienne que pourra, loin de là. Tout le gameplay a été re-réfléchi pour éviter au maximum le bourrinage et les simples frags. L'intérêt n'est pas ici de tuer en grand nombre mais plutôt de tuer avec tact, délicatesse, rigueur et discrétion. Lorsque vous apparaissez sur une map, vous êtes bien souvent entouré par une foultitude de passants. Le portrait de la personne que vous devez assassiner apparait en haut à droite de l'écran et vous devrez bien entendu le repérer et l'exécuter au plus vite, tout en sachant que vous avez vous-même un poursuivant, avec votre tête sur son contrat. Dans la cohue d'une place de marché, tout le monde se ressemble et vous devrez bien observer chaque visage avant de passer à l'acte puisque si vous assassinez la mauvaise personne, votre contrat sera annulé et on vous assignera une nouvelle cible. De plus, étant donné qu'un contrat est sur votre tête, on ne saurait que trop vous conseiller de la jouer discret. Assassiner quelqu'un, qui plus est la mauvaise personne, est un acte assez peu discret au milieu d'une foule de badauds vaquant à leurs activités. De la même manière, on ne saurait que trop vous conseiller d'éviter de courir comme un dératé ou encore de grimper partout comme un singe, puisque c'est probablement le meilleur moyen de se faire repérer par son poursuivant...
Je te tue, tu me tues, par l'arbaleeeeetteuh
Curieusement, le multijoueur d'Assassin's Creed Brotherhood se veut beaucoup plus tactique que le solo puisque l'infiltration est ici primordiale. Si vous arrivez face à votre cible en courant, celle-ci vous repérera tout de suite. Un marqueur rouge s'affichera au dessus de votre crâne et celui-ci devra alors courir, grimper et se planquer au mieux pour vous perdre. S'il réussit à vous échapper, il gagne des points. Le pire, c'est s'il réussit à vous assommer, par exemple en vous prenant à revers (de face, vous avez la priorité sur l'attaque bien sûr). Il vous assomme, marque des points, et en plus vous laisse quelques secondes étourdi au sol, ce qui permet à la personne qui peut-être courait après vous de vous exécuter de la manière la plus sûre et lâche qui soit, à savoir au sol. Les règles sont faites pour récompenser les joueurs tactiques et léser les simples fragueurs. Ainsi, si vous assassinez quelqu'un qui vous a déjà repéré, par exemple en lui fonçant dessus en hurlant la dague à la main, vous marquez 100 points. En revanche, si vous réussissez à approcher votre cible et à l'exécuter sans qu'elle ne vous ait vu vous glisser jusqu'à elle, vous marquez 400 points. Le calcul est vite fait non ? Bien exécuter une cible équivaut à en tuer 4 de façon bourrine, tout simplement. Et à mesure que vous progresserez sur le PSN ou sur le Xbox Live, votre personnage gagnera de l'expérience. Cela permet d'acquérir de nouveaux atouts, à utiliser avec intelligence lors de vos confrontations multijoueurs. Vous pourrez ainsi maîtriser l'art du déguisement, afin de vous mêler plus facilement à la foule et embrouiller votre poursuivant. Une bombe de fumée, ingénieusement utilisée, peut être un outil absolument redoutable. Bien exploitée, elle vous permet d'étourdir votre assaillant afin de vous donner le temps de vous enfuir. Mais peut-être sera-t-il plus judicieux de rester dans les parages, au cas où votre poursuivant, immobilisé, se faisait justement assassiner par votre cible. Un jeu triangulaire très intéressant, où les chats sont aussi systématiquement les souris de quelqu'un d'autre.
» JoKeR - Le 16 Novembre 2010